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Elles furent enfin enfoncées, perdirent dix-huit pièces de canon, et beaucoup de prisonniers.

Le général en chef marcha avec la division Serrurier sur Vérone. Il y arriva le 7 dans la nuit ; Wurmser en avait fait fermer les portes, voulant gagner la nuit pour faire filer ses bagages, mais on les enfonça à coups de canon, et l’on pénétra dans la ville. Les Autrichiens y perdirent beaucoup de monde. La division Augereau, éprouvant des difficultés à opérer son passage à Borghetto, revint passer à Peschiera.

Perdant l’espérance de conserver la ligne du Mincio, Wurmser essaya de conserver les positions importantes du Montebaldo et de la Roca d’Anfo. Le général Saint-Hilaire marcha sur la Roca d’Anfo, attaqua l’ennemi dans la vallée de Loudon, et lui fit beaucoup de prisonniers. On s’empara de Riva, et Wurmser fut obligé de brûler sa flottille. Masséna marcha sur le Montebaldo et reprit la Corona. Augereau remonta la rive gauche de l’Adige, en suivant les crêtes des montagnes, et arriva jusqu’à la hauteur d’Ala. L’ennemi éprouva des pertes considérables dans les tentatives dont il accompagna sa retraite. Ses troupes n’avaient plus de moral.

Après la perte de deux batailles comme celles de Lonato et de Castiglione, Wurmser aurait dû comprendre qu’il ne pouvait plus disputer ce qu’il convenait aux Français d’occuper pour s’assurer de la ligne de l’Adige. Il se retira à Roveredo et à Trente. L’armée française avait elle-même besoin de repos. Les forces de Wurmser, après ses défaites, étaient encore égales aux nôtres, mais avec cette différence que désormais un bataillon de l’armée d’Italie en mettait quatre des ennemis en fuite, et que partout on ramassait du canon, des prisonniers et des objets militaires.

Wurmser avait ravitaillé la garnison de Mantoue, il est vrai ; mais il ne ramenait pas en ce moment, de toute sa belle armée, y compris sa cavalerie, plus de quarante à quarante-cinq mille hommes. Du reste, rien ne saurait être comparable au découragement et à la démoralisation de cette belle armée, après ses revers, si ce n’est l’extrême confiance dont elle était animée au commencement de la campagne.

Le plan de Wurmser, qui pouvait réussir dans d’autres circonstances, ou contre un autre homme que son adversaire, devait pourtant avoir l’issue funeste qu’il a eue ; et, bien qu’au premier coup d’œil la défaite de cette grande et belle armée, en si peu de jours, semble ne devoir être attribuée qu’à l’habileté du général français, qui improvisa sans cesse ses manœuvres contre un plan général arrêté à l’avance, il faut convenir que