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Au bout d’une demi-heure, l’Empereur étant passé dans son salon, le valet de chambre en service, à la porte et de notre côté, a appelé le gouverneur, qui a été introduit. L’amiral suivait de près ; mais le valet de chambre, qui n’avait entendu demander que le gouverneur, a refermé brusquement la porte sans admettre l’amiral, qui, sur ses instances, s’est vu même repoussé ; il s’est retiré, fort déconcerté, dans une embrasure de fenêtre.

Ce valet de chambre était Noverraz, bon et vrai Suisse, dont toute l’intelligence, disait souvent l’Empereur, était dans son attachement à sa personne.

Nous demeurâmes saisis d’une circonstance aussi inattendue ; que nous crûmes être la volonté de l’Empereur. Mais bien que nous eussions à nous plaindre de l’amiral, nous avons été à lui pour le distraire de son embarras ; sa situation vraiment cruelle nous peinait. Cependant l’état-major du gouverneur a bientôt après été demandé et introduit ; l’embarras de l’amiral s’en est accru. Au bout d’un quart d’heure, l’Empereur ayant congédié tout le monde, le gouverneur est ressorti ; l’amiral a couru à lui, ils se sont dit quelques mots avec chaleur, nous ont salués et sont partis.