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fortement l’étranger. « Je sais toutes vos menées, continua Napoléon avec sévérité ; si vous les confessez à l’instant, je puis vous faire grâce, sinon vous ne sortez de ce jardin que pour être fusillé. – – Je vais tout dire : Je suis envoyé ici par M. de Metternich au duc d’Otrante, pour lui proposer de faire partir un émissaire pour Bâle : il y rencontrera celui que M. de Metternich y a envoyé de Vienne ; ils doivent avoir des signes de reconnaissance, et les voici, dit-il en délivrant quelques papiers. – Avez-vous rempli votre mission auprès de Fouché ? – Oui. – A-t-il envoyé son émissaire ? – Je n’en sais rien. »

L’homme fut remis sous la clef, et une heure après quelqu’un de confiance était en route pour Bâle ; il s’aboucha avec l’émissaire autrichien, et eut même avec lui jusqu’à quatre conférences.

Cependant Fouché, inquiet de la disparition de son Viennois, se présente un soir chez l’Empereur, affectant une gaieté, une aisance, au travers de laquelle se réfugiait un extrême embarras. « Plusieurs glaces se trouvaient dans l’appartement où nous nous promenions, disait l’Empereur ; je me plaisais à l’étudier à la dérobée ; sa figure était hideuse ; il ne savait guère comment entamer ce qui l’intéressait si fort. – Sire, dit-il enfin, il y a quatre ou cinq jours qu’il m’est arrivé une circonstance dont je crains de n’avoir pas fait part à Votre Majesté… mais j’ai tant d’affaires… je suis entouré de tant de rap-