Enfin, au pied du canapé, et précisément en regard de l’Empereur quand il y repose étendu, ce qui a lieu la plus grande partie du jour, est le portrait de Marie-Louise, tenant son fils entre ses bras, par Isabey. Ce mauvais petit réduit est ainsi devenu un sanctuaire de famille.
Il ne faut pas oublier, sur la gauche de la cheminée et en dehors des portraits, la grosse montre d’argent du grand Frédéric, espèce de réveille-matin, prise à Potsdam, et, en pendant, à droite, la propre montre de l’Empereur, celle qu’il portait à l’armée d’Italie et d’Égypte, recouverte des deux côtés d’une boîte en or portant son chiffre B. Voilà la première chambre.
La seconde pièce B, servant de cabinet, présente le long des murs, du côté des fenêtres, des planches brutes posées sur de simples tréteaux, supportant un bon nombre de livres épars et les divers chapitres écrits par chacun de nous sous la dictée de l’Empereur.
Entre les deux fenêtres est une armoire g, en forme de bibliothèque ; à l’opposite, un second lit de campagne h, semblable au premier, sur lequel l’Empereur repose parfois le jour et se couche même la nuit, après avoir quitté le premier dans ses fréquentes insomnies, et avoir travaillé ou marché dans sa chambre.
Enfin dans le milieu est la table de travail i, avec l’indication des places qu’occupent ordinairement l’Empereur et chacun de nous lorsqu’il nous dicte.
L’Empereur fait sa toilette dans sa chambre à coucher. Quand il se déshabille, ce qu’il fait de ses propres mains, il jette tout ce dont il se dépouille par terre, s’il ne se trouve là un de ses valets de chambre pour s’en saisir. Combien de fois je me suis précipité pour ramasser son cordon de la Légion-d’Honneur, quand je le voyais arriver ainsi sur le plancher !
La barbe est une des dernières parties de sa toilette, qui ne vient qu’après qu’on lui a mis ses bas, ses souliers, etc. Il se rase toujours lui-même, ôtant d’abord sa chemise, et demeurant en simple gilet de flanelle, qu’il avait quitté sous les chaleurs de la ligne, et qu’il a été obligé de reprendre à Longwood, à la suite de vives coliques dont il a été immédiatement soulagé par la reprise de la flanelle.
L’Empereur se rase dans l’embrasure de la fenêtre, à côté de la cheminée. Son premier valet de chambre lui présente le savon et un rasoir ; un second tient devant lui la glace de son nécessaire, de manière à ce que l’Empereur présente au jour la joue qu’il rase. Ce second valet de chambre l’avertit si le rasoir a laissé quelque chose en arrière. Cette