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lement à côté d’une table bien servie sans s’être rué dessus. Quant à avoir dormi au moment d’une bataille, il n’est point, assurait-il, de nos soldats, de nos généraux, qui n’aient répété vingt fois cette merveille ; et tout leur héroïsme n’était guère que dans la fatigue de la veille. »

À cela le grand maréchal a ajouté qu’il pouvait dire avoir vu, lui, Napoléon dormir, non seulement la veille d’une bataille, mais durant la bataille même. « Il le fallait bien, disait l’Empereur : quand je donnais des batailles qui duraient trois jours la nature devait aussi avoir ses droits ; je profitais du plus petit instant, je dormais où et quand je pouvais. » L’Empereur avait dormi sur le champ de bataille de Wagram et de Bautzen, durant le combat même, et fort en dedans de la portée des boulets. Il disait sur cela qu’indépendamment de l’obligation d’obéir à la nature, ces sommeils offraient au chef d’une très grande armée le précieux avantage d’attendre avec calme les rapports et la concordance de toutes ses divisions, au lieu de se laisser emporter peut-être par le seul objet dont il serait le témoin.

L’Empereur disait encore qu’il trouvait dans Rollin, dans César même, des circonstances de la guerre des Gaules qu’il ne pouvait en-