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suite ; Alexandre n’en avait pas eu davantage à Tilsit ou à Erfurt. Là, comme à Dresde, on mangeait chez Napoléon. Ces cours, disait l’Empereur, étaient mesquines et bourgeoises : c’était lui qui en fixait l’étiquette, et y donnait le ton ; il faisait passer François devant lui, et celui-ci en était dans le ravissement. Le luxe de Napoléon et sa magnificence durent le faire paraître un roi d’Asie : là, comme à Tilsit, il gorgea de diamants tous ceux qui l’approchèrent. Nous lui apprîmes qu’à Dresde il n’avait pas eu un soldat français autour de lui, et que sa cour parfois n’avait pas été sans inquiétude sur sa personne. Il avait de la peine à nous croire, mais nous l’assurions que c’était un fait, qu’il n’avait eu d’autre garde que les gardes du corps saxons. « C’est égal, nous disait-il, alors j’étais là dans une si bonne famille, avec de si braves gens, que j’étais sans risque ; tous m’y aimaient ; et à l’heure qu’il est je suis sûr que le bon roi de Saxe dit chaque jour un Pater et un Ave pour moi. J’ai perdu, ajoutait-il, les destinées de cette pauvre bonne princesse Auguste, et j’ai eu bien tort. Revenant de Tilsit, je reçus à Marienverder un chambellan du roi de Saxe, qui me remit une lettre de son