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ques thèmes : il écrivait des phrases dictées, et les traduisait en anglais, à l’aide d’un petit tableau que je lui ai fait pour les verbes auxiliaires et les articles, et à l’aide du dictionnaire pour les autres mots que je lui faisais chercher lui-même. Je lui expliquais les règles de la syntaxe et de la grammaire, à mesure qu’elles se présentaient : il a fait de la sorte quelques phrases qui l’ont plus amusé que les versions que nous avions aussi essayées. Après la leçon, sur les deux heures, nous sommes passés dans le jardin ; on a tiré plusieurs coups de fusil ; ils étaient si près qu’il semblait que ce fût dans le jardin même. L’Empereur a fait l’observation que mon fils (nous croyions que c’était lui) semblait faire une bonne chasse ; j’ai ajouté que ce serait la dernière fois qu’il la ferait aussi près de l’Empereur. « Effectivement, a-t-il repris, allez dire qu’il ne nous approche qu’à la portée du canon. » J’y ai couru, nous l’accusions à tort ; tout ce bruit se faisait pour les chevaux de l’Empereur que l’on s’occupait à dresser.

Après le dîner, pendant le café, l’Empereur m’acculant à la cheminée, m’appuyait la main sur la tête comme pour me mesurer la taille, et me disait : « Je suis un géant pour vous. – Votre Majesté l’est pour tant