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que chose ? Elles sont sans couleur, sans but, sans résultats, propres à tous les temps, à toutes les circonstances ; de mauvais oripeaux de souveraineté, guenilles de trônes, lieux communs, flagorneries abjectes et stupides, qui nous dégradent et nous avilissent aux yeux des étrangers. Y a-t-il rien dans tout cela de national ? je le demande. Aperçoit-on une lueur de cette opposition utile à la dignité et à la force du souverain ? Comment osent-ils parler de son chagrin, pleurer avec lui ! c’est lui qui cause leurs maux, il était de la coalition, il est l’allié de leurs bourreaux !… Ils disent qu’il n’a qu’à parler, que tous les sacrifices qu’il demandera, ils sont prêts à les faire !… Ils appuient surtout sur le système de la légitimité, auquel ne croient aucun de ceux qui parlent !… Mais c’est là le discours de Metternich, de Nesselrode, de Castlereagh, et non celui de Français !… À quoi bon des assemblées sous le roi ? C’est de sa part une faute de plus, elles ne feront qu’éveiller, et il fallait endormir. Elles ne sont composées que de ses affidés, dit-on, soit ; mais qu’en peut-il attendre ? Croit-il qu’elles lui donneront du crédit dans la nation ? elles sont anti-nationales. Si elles marchent avec lui, furieuses dans leurs réactions, elles le porteront plus loin qu’il ne voudra ; si au contraire elles témoignent la moindre opposition, elles le gêneront dans sa marché. Jamais les assemblées n’ont réuni prudence et énergie, sagesse et vigueur, et c’est pourtant aujourd’hui ce qu’il faut au roi.

« Louis XVIII, l’année dernière, pouvait s’identifier avec la nation ; aujourd’hui il n’a plus de choix, il faut qu’il pèse avec les principes de son parti, il ne peut plus essayer que le régime de ses pères… D’un autre côté, les alliés n’ont pas mieux entendu leurs intérêts : il fallait affaiblir la France, mais non la désespérer ; il fallait lui enlever du territoire, et non lui imposer des contributions. Ce n’est pas ainsi qu’on traite vingt-huit millions d’hommes. Les Français devaient au moins racheter la perte de la gloire par du repos et du bonheur. En imposant des humiliations, il fallait donner du pain, il fallait essayer de réduire ce grand corps à la stagnation. »

L’Empereur a terminé en disant qu’il était bien sinistre sans doute ; mais qu’il avait beau faire, qu’il ne pouvait voir que des catastrophes, des massacres, du sang.


Sur l’Histoire secrète du cabinet de Bonaparte, par Goldsmith – Détails, etc..


Lundi 15.

J’avais entendu parler, à bord du vaisseau, de l’Histoire secrète du cabinet de Bonaparte, par Goldsmith, et au premier moment de loisir ici