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mais tombant subitement, ainsi que de coutume, vers les cinq ou six heures.

L’empereur, depuis son arrivée à Longwood, avait interrompu ses dictées ordinaires : il passait son temps à lire dans son intérieur, faisait sa toilette de trois à quatre heures, et sortait ensuite à cheval avec deux ou trois de nous autres. Les matinées devaient lui paraître plus longues ; mais sa santé s’en trouvait mieux. Nos courses étaient toutes dirigées vers la vallée voisine, dont j’ai déjà parlé ; soit que nous la remontassions en la prenant dans la partie inférieure et revenant par la maison du grand maréchal ; soit au contraire que nous commençassions par ce dernier côté, pour la parcourir en descendant. Une fois même ou deux nous la franchîmes en écharpe, et traversâmes de la sorte d’autre vallées pareilles. Nous explorâmes ainsi le voisinage, et visitâmes le peu d’habitations qui s’y trouvaient : toutes étaient pauvres et misérables. Les chemins étaient parfois impraticables, il nous fallait même de temps en temps descendre de cheval ; nous avions à franchir des haies, à escalader des murs de pierre qu’on rencontre fort souvent ; mais rien ne nous arrêtait.

Dans ces courses habituelles, nous avions adopté depuis quelques jours une station régulière dans le milieu de la vallée ; là, entourée de roches sauvages, s’était montrée une fleur inattendue : sous un humble toit nous avait apparu un visage charmant de quinze à seize ans. Nous l’avions