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lui avait demandée ; la reine avait d’abord hésité quelques instants, disait-on, puis elle l’avait donnée en disant : « Pourquoi faut-il que je vous donne si facilement, vous qui demeurez inflexible sur tout ce que je vous demande ? » Faisant allusion à la place de Magdebourg qu’elle avait ardemment sollicitée. Circonstance du reste tant soit peu variée, ainsi qu’on pourra s’en convaincre plus tard par le récit même de Napoléon qu’on trouvera par la suite.

Telle était pourtant la nature des rapports privés, que des ouvrages anglais d’un certain mérite ont défigurée au point de démontrer l’Empereur comme un tyran farouche, insolent et brutal ; prêt à faire violence, à l’aide de ses mamelouks, à cette belle reine, sous les yeux même de son mari malheureux.

Mais voici précisément sur le même sujet et à la même époque une lettre authentique, dont je n’ai eu connaissance que depuis peu, et qui achèvera de donner une idée juste du style de Napoléon vis-à-vis de Joséphine, en même temps qu’elle fera connaître des formes aimables, et surtout une sensibilité et une galanterie domestiques qu’amis et ennemis étaient assurément bien loin de soupçonner alors en celui que, par toute