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sans doute des préventions sur son attachement et sa fidélité, qu’en conséquence il ne lui demandait d’autre poste que celui de grenadier dans sa garde. L’Empereur, pour réponse, lui tendit la main, en l’appelant le Brave des Braves, comme il faisait souvent. Plus tard il disait à l’Empereur… . . . . . . . . .

L’Empereur fit alors le parallèle de la situation de Ney avec celle de Turenne révolté. Ney pouvait être défendu, disait-il ; Turenne était injustifiable ; et pourtant Turenne fut pardonné, honoré, et Ney allait probablement périr.

« En 1649, Turenne, disait-il, commandait l’armée du roi ; ce commandement lui avait été conféré par Anne d’Autriche, régente du royaume. Quoiqu’il eût prêté serment de fidélité, il corrompit son armée, se déclara pour la Fronde, et marcha sur Paris. Mais dès qu’il fut reconnu coupable de haute trahison, son armée repentante l’abandonna, et Turenne, poursuivi, se réfugia auprès du prince de Hesse, pour échapper à la justice.

« Ney, au contraire, fut entraîné par le vœu, par les clameurs unanimes de son armée. Il n’y avait que neuf mois seulement qu’il reconnaissait