du dehors l’idée de la machine infernale, comme de beaucoup préférable à tout autre moyen.
Il est très remarquable que, pendant la soirée de la catastrophe, le Premier Consul montra une répugnance extrême pour sortir : on donnait un Oratorio, madame Bonaparte et quelques intimes du Premier Consul voulaient absolument l’y faire aller ; celui-ci était tout endormi sur un canapé, et il fallut qu’on l’en arrachât, que l’un lui apportât son épée, l’autre son chapeau. Dans la voiture même, il sommeillait de nouveau, quand il ouvrit subitement les yeux, rêvant, dit-il, qu’il se noyait dans le Tagliamento. Pour comprendre ceci, il faut savoir que quelques années auparavant, étant général de l’armée d’Italie, il avait passé de nuit, en voiture, le Tagliamento, contre l’opinion de tout ce qui l’entourait. Dans le feu de la jeunesse, et ne connaissant aucun obstacle, il avait tenté ce passage, entouré d’une centaine d’hommes armés de perches et de flambeaux. Toutefois la voiture se mit à la nage, il courut le plus grand danger, et se crut réellement perdu. Or, en cet instant, il s’éveillait au milieu d’une conflagration, la voiture était soulevée, il retrouvait en lui toutes les impressions du Tagliamento, lesquelles, du reste, n’eurent que la durée d’une seconde ; car une effroyable détonation se fit aussitôt entendre. « Nous sommes minés ! » furent les paroles qu’il adressa à Lannes et à Bessières qui se trouvaient avec lui. Ceux-ci voulaient arrêter à toute force ; mais il leur dit de s’en bien donner de garde. Le Premier Consul arriva et parut à l’Opéra, comme si de rien n’était. Il fut sauvé par