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m’y parurent extrêmes. Depuis longtemps je m’étais fort retiré du monde ; je me confinai en ce moment uniquement dans mon ménage, au milieu de ma femme et de mes enfants : jamais je n’avais été meilleur mari ni meilleur père, et peut-être aussi ne fus-je jamais aussi heureux.

« Un jour je lus, dans le Journal des Débats, l’extrait d’un ouvrage de M. Alphonse Beauchamp, donnant le nom de quelques gentilshommes réunis le 31 mars sur la place Louis XV pour provoquer à la royauté ; le mien s’y trouvait : il était en bonne compagnie sans doute ; mais enfin je ne méritais rien de pareil, et j’avais beaucoup à perdre dans l’estime d’une foule de gens, s’ils avaient pu le croire. J’écrivis donc pour prier de relever cette erreur qui m’attirait des félicitations qui ne m’étaient pas dues. Je m’étais rendu cette démarche impossible, disais-je, quelque attrait d’ailleurs qu’elle eût pu me présenter. Commandant d’une légion de la garde nationale, j’avais contracté des engagements dont aucune affection sur la terre n’aurait pu me dégager, etc. J’envoyai