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que le moment n’était pas encore venu ; ou bien encore pour ne pas leur laisser la gloire de l’entreprise.

Au sujet de ce même Robespierre, l’Empereur disait qu’il avait beaucoup connu son frère, représentant à l’armée d’Italie. Il n’en disait point de mal ; il l’avait conduit au feu, lui avait inspiré beaucoup de confiance et un grand enthousiasme pour sa personne ; si bien que, rappelé par son frère, quelque temps avant le 9 thermidor qui se préparait sourdement, Robespierre le jeune voulait absolument mener Napoléon à Paris. Celui-ci eut toutes les peines du monde à s’en défendre, et ne parvint à lui échapper qu’en faisant intervenir le général en chef Dumerbion, dont il avait toute la confiance, et auquel il se montra comme absolument nécessaire. Si je l’eusse suivi, disait l’Empereur, quelle pouvait être la différence de ma destinée ? À quoi tient, après tout, une carrière ? On eût sans doute voulu m’employer ; je pouvais donc être destiné, dès cet instant, à tenter une espèce de vendémiaire. Mais j’étais bien jeune encore, je n’avais point alors mes idées arrêtées comme je les ai eues depuis ; je crois bien que je n’eusse pas voulu l’accepter. Mais, dans le cas