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poléon. Je tiens de la bouche du témoin même, personnage distingué, qui me le racontait en Allemagne, qu’ayant eu une audience particulière de l’empereur François, dans le voyage qu’il a fait en Italie en 1816, il y fut question de Napoléon : François n’en parla jamais que dans les meilleurs termes. On eût pu penser, me disait le narrateur, qu’il le croyait encore régnant en France, et qu’il ignorait qu’il fût à Sainte-Hélène : il ne lui donna jamais d’autre qualification que celle de l’empereur Napoléon.

La même personne me racontait que l’archiduc Jean, visitant en Italie une rotonde au plafond de laquelle on voyait une action célèbre dont Napoléon était le héros, en levant la tête, son chapeau tomba par terre ; sa suite se précipita pour le lui rendre. « Laissez, laissez, dit-il, c’est dans cette attitude qu’on doit considérer l’homme qui se trouve là-haut. »

Puisque j’en suis là, je vais consigner ici quelques circonstances que j’ai recueillies en Allemagne, à mon retour en Europe ; et pour leur assigner tout le prix qu’elles méritent, je dirai que je les tiens de personnes de la haute diplomatie. On sait que tous ces membres composent entre eux une espèce de famille, une sorte de maçonnerie, et que leurs sources sont les plus authentiques.