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l’Empereur dictait à celui de ces messieurs qui arrivait de la ville pour le travail.

En face de la maison du propriétaire, au-dessous de nous se trouvait une allée bordée de quelques arbres, c’était là que les deux soldats anglais avaient pris poste pour nous surveiller ; mais ils en furent retirés avec le temps, à la demande de notre hôte, qui s’en trouvait choqué pour son propre compte. Néanmoins ils avaient continué de rôder à vue de l’Empereur, attirés par la curiosité, ou conduits par la nature de leurs ordres. Ils finirent par disparaître tout à fait, et l’Empereur prit insensiblement possession de cette allée inférieure. Ce fut pour lui une véritable augmentation de domaine ; il s’y rendait chaque jour après son travail, en sortant du jardin, pour y attendre l’heure de son dîner. Les deux petites demoiselles et leur mère venaient l’y joindre, et lui raconter les nouvelles. Il y retournait aussi parfois après son dîner, quand le temps le permettait : il passait alors la soirée sans qu’il eût besoin d’entrer chez les voisins, ce qu’il ne faisait qu’à la dernière extrémité, et quand il savait surtout qu’il