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Quand l’armée traversait la Syrie, il n’est pas de soldat qui n’eût à la bouche ces vers de Zaïre :

 
Les Français sont lassés de chercher désormais
Des climats que pour eux le destin n’a point faits ;
Ils n’abandonnent point leur fertile patrie
Pour languir aux déserts de l’aride Arabie.

Dans un moment de loisir et d’inspection du pays, le général en chef, profitant de la marée basse, traversa la mer Rouge à pied sec, et gagna la rive opposée. Au retour, il fut surpris par la nuit, et s’égara au milieu de la mer montante ; il courut le plus grand danger et faillit périr précisément de la même manière que Pharaon : « Ce qui n’eût pas manqué, disait gaiement Napoléon, de fournir à tous les prédicateurs de la chrétienté un texte magnifique contre moi. »

Ce fut à son arrivée sur la rive arabique qu’il reçut une députation des cénobites du mont Sinaï, qui venaient implorer sa protection et le supplier de vouloir bien s’inscrire sur l’antique registre de leurs garanties. Napoléon se trouva inscrire son nom à la suite d’Ali, de Saladin, d’Ibrahim et de quelques autres !!…