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RACINE.

et sans couleur, mais qui se terminent par celui-ci, vraiment digne d’un poète :

Et nous avons des nuits plus belles que vos jours.

Quand vient l’été, le ton change. L’homme du Nord souffre beaucoup de cette chaleur « de four allumé », et le chant des cigales, « le plus importun et le plus perçant du monde », l’étourdit.

Avec La Fontaine, aussitôt arrivé, il avait abordé un sujet qui s’imposait avec un tel correspondant : « Si le pays de soi avoit un peu plus de délicatesse, et que les rochers y fussent un peu moins fréquents, on le prendroit pour un vrai pays de Cythère. Toutes les femmes y sont éclatantes et s’y ajustent d’une façon qui leur est la plus naturelle du monde ; et, pour ce qui est de leur personne,

« Color verus, corpus solidum et succi plenum. »

Il a pris cependant de sages résolutions : « Ce seroit, écrivait-il encore à La Fontaine, profaner une maison de bénéficier, comme celle où je suis, que d’y faire de longs discours sur cette matière. Domus mea, domus orationis… On m’a dit : « Soyez aveugle. » Si je ne le puis être tout à fait, il faut du moins que je sois muet. » À l’en croire, la seule bonne fortune qu’il ait eue a été fort innocente, et il fait cette déclaration : « Dieu merci, je suis libre encore, et si je quittois ce pays, je reporterois mon cœur aussi sain et aussi entier que je l’ai apporté. »

Il s’efforce en conscience de préparer sa vocation. On aurait bien voulu attirer dans les belles