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ENFANCE ET JEUNESSE.

taillé dans le roc et un ermitage à fenêtres ogivales, des allées tournantes, un énorme rocher en forme de pyramide, et, au bord de l’Eure, un beau châtelet gothique. Derrière le pavillon, c’était la ville, serrée dans sa vieille enceinte, au-dessus de laquelle s’élevaient la masse crénelée du château ducal et le clocher, moitié sarrazin, moitié roman, de la cathédrale. L’ensemble est aussi tranché que le site de la Ferté-Milon est mesuré.

De tout cela, Racine n’a rien mis dans ses lettres. Malgré la bonté de son oncle, il se trouvait exilé et captif à Uzès, plus encore qu’à Chevreuse. Il se compare à Ovide chez les Scythes. Il se lamente discrètement. C’est par là qu’il commence et qu’il continue. Le retour lui sera une délivrance. Il engage un commerce assidu de lettres avec son cher abbé Le Vasseur, La Fontaine, le ménage Vitart, sa sœur Marie. Il accueille leurs réponses avec des cris de joie.

Sa première lettre est pour La Fontaine. Il lui décrit son séjour, d’un trait et sans enthousiasme : « Pour la situation d’Uzès, vous saurez qu’elle est sur une montagne fort haute, et cette montagne n’est qu’un rocher continuel : si bien qu’en quelque temps qu’il fasse, on peut aller à pied sec autour de la ville. » Il apprécie davantage la douceur du climat en hiver. Il écrit à son cousin Vitart : « Les plus beaux jours que vous donne le printemps ne valent pas ceux que l’hiver nous laisse, et jamais le mois de mai ne vous paraît si agréable que l’est ici le mois de janvier. » Dans son admiration, la prose ne lui suffit plus, et il emploie les vers, des vers faciles