Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
ENFANCE ET JEUNESSE.

lui est pleine d’allusion à ces intrigues. Racine lui écrit lettres sur lettres, dès qu’il est séparé de lui. Il le consulte sur ses essais poétiques, car il rime déjà beaucoup, et sur un premier projet de pièce, qui paraît emprunté aux Amours d’Ovide. Il a un autre ami intime en la personne de La Fontaine, son aîné de dix-huit ans, mais, de tous les hommes, le moins capable de tourner la supériorité de l’âge en autorité morale. La Fontaine, né à Château-Thierry, n’était pas seulement tout voisin de Racine par son origine ; il était son allié par son mariage avec Mlle Héricart, apparentée à la famille Sconin. La Fontaine va publier ses Contes dans quatre ans ; certainement, avec ses habitudes, il en a déjà composé la plus grande partie, et il a dit les communiquer à ses amis. Plus tard, d’Uzès, Racine lui rappellera qu’à Paris il a « été loup avec lui et avec les autres loups ses confrères ».

Outre ces amitiés libres ou inquiétantes. Racine a des fréquentations tout à fait dangereuses et qui, aussitôt connues, provoqueront à Port-Royal terreur et colère. Il est en rapport avec des comédiens de la troupe du Marais, La Roque et Mlle Roste. En leur promettant de beaux rôles, selon l’usage, il les intéresse à sa première pièce, — qui ne devait jamais être jouée ni autrement connue que par les mentions contenues dans la correspondance avec l’abbé Le Vasseur. En même temps, usant d’un double jeu qu’il renouvellera dans la suite avec plus de succès, il sollicite pour la même pièce, ou une autre du même genre, Mlle Beauchâteau, de l’Hôtel de Bourgogne.