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RACINE.

est celle qui prend son point le départ dans l’antiquité grecque. Au contact de la Grèce, ce génie de lumière et de raison, de simplicité et d’aisance, prit conscience de lui-même en se comparant.

Au moment où Racine arrivait à Port-Royal, l’école établie à la ferme des Granges venait d’être dispersée. Il est donc probable qu’il vécut dans le monastère même, ou tout auprès, à Vaumurier, sous la direction particulière de M. Le Maître et de M. Hamon. Son âge et ses liens de famille avec la communauté, la douceur et la tendresse de son caractère, lui valaient des soins particulièrement affectueux. Il est resté de M. Le Maître une lettre touchante portant comme adresse « pour le petit Racine », et qui se termine ainsi : « Bonjour, mon cher fils ; aimez toujours votre papa comme il vous aime. » On possède encore l’exemplaire de la Bible qu’il lui avait légué, couvert de notes. Avec Nicole et Lancelot, Racine étudiait les littératures grecque et latine, la logique et la morale. L’excellence de l’enseignement donné par ces deux maîtres est connue par leurs livres et, notamment, par les célèbres Méthodes de Port-Royal. Mais, s’ils n’avaient rien publié, il suffirait de ce que nous montre Racine pour apprécier à sa valeur cet enseignement et les habitudes de travail personnel qu’il donnait pour toujours.

Entre leurs mains, en effet, Racine devint un humaniste consommé. Chez lui la science philologique et le sens littéraire étaient formés de concert. Il lisait dans le texte les auteurs grecs les plus difficiles et les couvrait de remarques personnelles. Il