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RACINE.

La famille de Racine avait d’anciennes relations avec Port-Royal. Quelques mois avant la naissance du poète, en 1638, plusieurs des solitaires, Lancelot, Singlin, Antoine Le Maître et Séricourt, chassés du monastère, étaient venus chercher un asile à la Ferté-Milon, dans la famille Vitart, dont un enfant était, aux Petites Écoles, l’élève de Lancelot. Le père de cet enfant, Nicolas Vitart, contrôleur du grenier à sel, était, par sa femme, Claude des Moulins, sœur de Marie, allié à la famille Racine. Une autre sœur de Claude et de Marie, Suzanne, avait fait profession à Port-Royal. Le séjour des solitaires à la Ferté-Milon ne pouvait que resserrer ces liens. Ils devinrent de plus en plus étroits, grâce à la mère Agnès Racine, fille de Marie des Moulins et tante du poète, une des grandes abbesses de Port-Royal.

Son grand-père mort et sa grand-mère retirée à Port-Royal, Racine pouvait d’autant moins rester à la Ferté-Milon que la petite ville n’offrait pas les ressources nécessaires à ses études. La famille fit choix, dans le voisinage, du collège établi à Beauvais. Il était alors en grande prospérité, et, grâce à la tutelle d’un évêque ami des solitaires, Choart de Buzanval, il professait pour les doctrines de Port-Royal un zèle qui donnait toutes garanties à une famille janséniste. Wallon de Beaupuis, « avec Lancelot, dit Sainte-Beuve, le plus considérable et le plus essentiel des maîtres de Port-Royal », était de Beauvais et avait fait ses études au collège de sa ville natale. Il est donc probable que les méthodes des Petites Écoles avaient leur influence sur l’enseignement de Beauvais. Racine resta au collège de Beau-