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DERNIÈRES ANNÉES.

populaire ». Sur les trois motifs allégués par Louis Racine, un seul a été retenu, le moins favorable pour Racine, le mémoire sur la taxe qui, selon ses expressions, « dérangeait ses petites affaires ». Somme toute, les objections produites n’infirment sur aucun point le récit très circonstancié de Louis Racine. Une anecdote le complète, Mme de Maintenon, apercevant un jour le poète dans le parc de Versailles, « s’écarta dans une allée pour qu’il l’y pût joindre » et lui dit : « Laissez passer ce nuage, je ramènerai le beau temps. » Mais, dans ce moment, on entendit le bruit d’une calèche : « C’est le roi qui se promène, s’écria Mme de Maintenon, cachez-vous ! » Et Racine « se sauva dans un bosquet ». Tout ce que l’on peut admettre, c’est que la disgrâce ne fut pas déclarée et que, comme il arrivait souvent à Versailles, le courtisan qui avait eu le malheur de déplaire conservait les marques extérieures d’une faveur ruinée dans l’esprit du roi. Ainsi, Racine continuait à être des Marly, mais, pour le faire pardonner entièrement, il fallut sa mort.

À cette mort, le chagrin éprouvé par Racine ne dut pas être étranger. Peu après sa lettre à Mme de Maintenon, au mois d’avril 1698, il était atteint d’un érysipèle. Au mois de septembre suivant, il commençait à souffrir d’un abcès au foie. Dès lors, il ne fit plus que languir. Bientôt il se sentit perdu. « Il avoit eu toute sa vie d’extrêmes frayeurs » de la mort ; lorsqu’il la vit prochaine, « il s’y prépara avec la plus grande fermeté ». Elle arriva le 21 avril 1699, entre trois et quatre heures du matin. Il la reçut, muni des sacrements que lui avait