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DERNIÈRES ANNÉES.

Il célébrait la mémoire du grand docteur par une épitaphe et une inscription pour son portrait. Il allait faire des retraites à Port-Royal, y conduisait tous les ans sa famille à la procession du Saint Sacrement et y faisait admettre deux de ses filles comme pensionnaires, avec l’espoir de les voir rester dans la maison. Il saisissait avec empressement toutes les occasions de servir la communauté, rédigeait pour elle des mémoires justificatifs et se faisait son avocat auprès de l’archevêque de Paris. Il écrivait un Abrégé de l’histoire de Port-Royal, sobre et ferme, que Boileau « regardoit comme le plus parfait morceau d’histoire que nous eussions dans notre langue ».

Louis Racine estime que le roi « ne parut jamais désapprouver cette conduite ». Il est certain, au contraire, qu’elle lui déplaisait. Il finit par le laisser voir, et de manière à effrayer grandement Racine, car, le 4 mars 1698, le poète écrivait à Mme de Maintenon, en s’expliquant sur diverses affaires dont il va être parlé : « J’apprends que j’en ai une autre bien plus terrible sur les bras et qu’on m’a fait passer pour janséniste dans l’esprit du Roi… Je sais que, dans l’idée du Roi, un janséniste est tout ensemble un homme de cabale et un homme rebelle à l’Église. » Il se défendait contre ce grief avec une conviction, une maladresse et un courage également touchants. Loin de renier ses amis, il s’efforçait de prouver sa propre innocence en établissant la leur. Or, on sait les sentiments de Louis XIV à leur égard.

D’autre part, Louis Racine raconte que Mme de