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RETOUR À LA POÉSIE DRAMATIQUE.

vait, comme Racine l’avait dit à propos de Phèdre, non seulement revenir « à la véritable intention de la tragédie », c’est-à-dire servir « autant à instruire les spectateurs qu’à les divertir », mais encore profiter de toute la supériorité morale du christianisme sur le paganisme.

Racine regrettait donc ses tragédies à cause de leurs sujets, mais il ne condamnait pas le théâtre lui-même et la littérature. Louis Racine dit expressément : « Après Phèdre, il avoit encore formé quelques projets de tragédie. » Il avait le dessein, dit encore son fils, « de ramener la tragédie des anciens, et de faire voir qu’elle pouvoit être parmi nous, comme chez les Grecs, exempte d’amour ». Il avait donc songé au sujet d’Alceste, qui n’admet que l’amour conjugal, et à celui d’Œdipe, traité, dit Fénelon, « suivant le goût de Sophocle, sans y mêler aucune intrigue postiche d’amour, et suivant la simplicité grecque ». Même l’Alceste était à peu près terminée et aurait été détruite au moment de la crise morale qui suivit Phèdre. Mais, pour jouer des tragédies, même sans amour, il faut des comédiens, et, dès lors, Racine avait sur eux la pensée que Bossuet exprime dans les Maximes sur la comédie.

Si détaché qu’il fût de sa gloire passée et indifférent pour une gloire nouvelle, il continuait à aimer les lettres, à les étudier, à les servir autant qu’il le pouvait, à les honorer publiquement. Lorsque, à l’Académie française , l’occasion se présentait de les défendre, il la saisissait avec empressement. Il gardait la haine des méchants auteurs et l’amour des bons. Il prenait parti avec empressement, aux côtés