Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
VIE DE FAMILLE ET DE COUR.

son père, celle-ci épousait M. Collin de Moramber, « seigneur de Riberpré, avocat en Parlement », et une lettre d’un ami de la famille, Willard, nous fait assister à la cérémonie :

M. Racine donna le dîner de noces. Monsieur le Prince lui avoit envoyé pour cela, deux ou trois jours auparavant, un mulet chargé de gibier et de venaison. Il y avoit un jeune sanglier tout entier. Le soir il n’y eut point de souper chez le père de l’époux, avec lequel on étoit convenu qu’il donneroit plutôt un dinar le lendemain, afin qu’il n’y eût point deux repas en un jour. Tout finit donc le soir des noces par une courte et pathétique exhortation de Monsieur (le curé) de Saint-Séverin sur la bénédiction du lit nuptial qu’il fit. M. et Mme Racine se retirèrent à huit heures et demie. Les jeunes gens firent la lecture de piété ordinaire à la prière du soir avec la famille. Le père, comme pasteur domestique, répéta la substance de l’instruction de M. le curé ; et tout étoit en repos comme de coutume vers onze heures. Il n’y eut point d’autres garçons de la noce, ou plutôt amis des époux, que M. Despréaux et moi.

Racine étendait ses affections et ses devoirs de famille à tous les degrés de sa parenté. Sa correspondance le montre en rapports fréquents avec la Ferté-Milon, où sa sœur Marie continuait d’habiter, après avoir épousé un médecin, M. Rivière. L’échange de bons offices était continuel entre le frère et la sœur. À Paris, Racine employait son crédit et ses relations en faveur de M. et de Mme Rivière ; il venait à la Ferté servir de parrain à l’un de ses neveux. Quatre de ses enfants furent envoyés dans leur bas âge à Mme Rivière, et le mari surveillait leur santé. C’est par Mme Rivière que Racine secourait les membres de la famille tombés dans le besoin. Sa bienfaisance ne s’arrêtait même pas devant le désordre, comme avec « le cousin Henry », qui