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RACINE.

De ce mariage naquirent sept enfants, deux fils et cinq filles. L’aîné des fils, Jean-Baptiste, entré dans la carrière diplomatique, mourut en 1747, après avoir aimé les lettres et la solitude, sans écrire. L’aînée des filles, Marie-Catherine, essaya deux fois de la vie religieuse, aux Carmélites du faubourg Saint-Jacques et à Port-Royal, puis épousa M. Collin de Moramber. La seconde, Anne, que ses parents appelaient Nanette, entra aux Ursulines de Melun. La troisième, Elisabeth, Babet, entra dans l’ordre de Fontevrault, au couvent de Viéville. Les deux dernières, Jeanne-Nicole-Françoise, Fanchon, et Madeleine, Madelon, furent aussi religieuses, aux Ursulines de Melun. Le dernier des enfants et le second des fils, Lionval, fut Louis Racine.

Au milieu de cette famille, qui reproduisait avec une variété charmante les traits de sa nature sensible et inquiète. Racine pratiquait toutes les vertus d’un bon père. Il redevenait enfant avec Babet, Fanchon, Madelon, Nanette et Lionval ; — seuls, les deux aînés, garçon et fille, ne portaient point de ces diminutifs, par respect du droit d’aînesse. Il préférait le bonheur de leur société à la recherche des grands. Deux anecdotes, contées par Louis Racine, le montrent ainsi dans son intérieur et sont restées célèbres. Un jour, il revenait de Versailles, où il était allé faire sa cour, lorsqu’un écuyer de M. le Duc lui apporte une invitation à dîner pour le soir même : « Je n’aurai point l’honneur d’y aller, lui répondait-il ; il y a plus de huit jours que je n’ai vu ma femme et mes enfants, qui se font une fête de manger aujourd’hui avec moi une très belle carpe ;