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RACINE.

sa foi. Aussi la connaissance de sa vie est-elle plus nécessaire que pour d’autres à l’intelligence de ses œuvres.

Jean Racine naquit à la Ferté-Milon, petite ville de l’Île-de-France, dans le Valois, le 22 décembre 1639, ou, du moins, il fut baptisé ce jour-là, car si le baptême suivait alors la naissance de très près, il n’avait pas toujours lieu le même jour. Il était le premier enfant de Jean Racine, greffier du grenier à sel, et de Jeanne Sconin. Selon Brossette, il « ne faisoit pas façon de dire qu’il n’étoit pas d’une grande naissance ». Cela était vrai par rapport au rang que la faveur royale, plus encore que son génie, lui valut dans la société du temps. Cependant, sa famille appartenait au moins à la moyenne bourgeoisie. En outre, si l’anoblissement n’était pas rare, sous l’ancien régime, du moins marquait-il un degré assez élevé de l’échelle sociale. Or, les charges occupées par la famille de Racine lui conféraient ce privilège.

Elle avait, depuis déjà deux générations, des armoiries que le poète fit régler ainsi : « d’azur au cygne d’argent, becqué et membre de sable ». Elles n’offraient pas à l’origine cette simplicité et cette pureté qui conviennent si bien à l’harmonieux poète. On y voyait aussi un rat, et les deux animaux formaient un rébus. Ce rat plaisait au grand-père et choquait le petit-fils : « J’ai quelque souvenir, écrivait celui-ci, que notre grand-père avoit fait un procès à un peintre qui avoit peint les vitres de sa maison, à cause que ce peintre, au lieu d’un rat, avoit peint un sanglier. Je voudrois bien que ce fût