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AVERTISSEMENT

DE LA PREMIERE EDITION

Il y a plus de trente ans, Sainte-Beuve écrivait, à propos de l’importance toujours croissante de l’érudition dans la critique littéraire : « Le danger serait, si l’on y abondait sans réserve, de trop dispenser le critique de vues et d’idées, et surtout de talent. Moyennant quelque pièce inédite qu’on produirait, on se croirait exempté d’avoir du goût. L’aperçu, cette chose légère, courrait risque d’être étouffé sous le document.... Se pourrait-il qu déjà l’ère des scoliastes eût commencé pour la France, et que nous en fussions désormais, comme œuvre capitale, à dresser notre inventaire ? Voilà un pronostic que j’essaie en vain d’écarter. »

Ces craintes du grand critique étaient excessives : il a prouvé lui-même avec éclat, et beaucoup d’autres avec lui, que la sûreté laborieuse et l’étendue de l’information n’étouffent pas toujours le goût, et

1. 19 novembre 1849, Causeries du Lundi, t. I, p. 118. Sainte-Beuve revient avec détail sur les mêmes idées, t. XV. p. 376 et suiv.