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CHAPITRE IV

MARIVAUX HOMME DU MONDE ; MARMONTEL. — MARIVAUX HOMME PRIVÉ. — SES AMITIÉS : FONTENELLE, HELVÉTIUS, Mme DE TENCIN. — SON INDÉPENDANCE DE CARACTÈRE ; SA CHARITÉ. — RÉCEPTION À L’ACADÉMIE FRANÇAISE. — DERNIÈRES ANNÉES. — GÊNE CROISSANTE ; MARIVAUX ET Mme DE POMPADOUR. — Mlle DE SAINT-JEAN. — MORT DE MARIVAUX.

Le commerce de la société polie, des amitiés fidèles, la pratique de la bienfaisance et de toutes les vertus de l’honnête homme, une admission à l’Académie française qui fut « le seul événement de sa vie[1] », dédommagèrent Marivaux de sa ruine, de ses insuccès, des critiques méchantes ou injustes.

Il était l’hôte vivement goûté de plusieurs salons littéraires. Il y portait, en effet, des qualités assez rares de tout temps chez les gens de lettres, « une candeur aimable, une modestie sans fard, une affabilité pleine de sentiment[2]. » Au milieu des rivalités qui s’y exerçaient et faisaient souvent de cruelles blessures, il promenait cette ironie sans fiel qui distingue ses ouvrages. S’il avait lui-même beaucoup d’amour-propre, du moins le sien était « sociable[3] »,

  1. Lesbros, p. 20.
  2. Id., ibid. De même l’abbé de La Porte, l’Observateur littéraire, 1759, t. I, p. 73.
  3. « Mon amour-propre a toujours été sociable. » (Le Paysan parvenu, quatrième partie.) — Voir la pénétrante analyse qu’il