CHAPITRE IV
Le commerce de la société polie, des amitiés fidèles, la pratique de la bienfaisance et de toutes les vertus de l’honnête homme, une admission à l’Académie française qui fut « le seul événement de sa vie[1] », dédommagèrent Marivaux de sa ruine, de ses insuccès, des critiques méchantes ou injustes.
Il était l’hôte vivement goûté de plusieurs salons littéraires. Il y portait, en effet, des qualités assez rares de tout temps chez les gens de lettres, « une candeur aimable, une modestie sans fard, une affabilité pleine de sentiment[2]. » Au milieu des rivalités qui s’y exerçaient et faisaient souvent de cruelles blessures, il promenait cette ironie sans fiel qui distingue ses ouvrages. S’il avait lui-même beaucoup d’amour-propre, du moins le sien était « sociable[3] »,