Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

réflexion, notre enthousiasme est tombé ; aujourd’hui vous vous battez avec la France, mais plus tard il peut vous arriver, (cela s’est vu), de vous battre contre la France. Et alors, nous autres qui aimons tant ce pays, nous devrons marcher avec vous, en raison de la conscription dont vous nous menacez. »

La conscription fut imposée. Les Canadiens-Français auraient voulu que l’on créât des régiments commandés par les leurs. Au lieu de cela on les immatricula dans des régiments Canadiens-Anglais, où de suite ils se sentirent dépaysés, et où l’on ne se fit pas faute de les brimer quelque peu.

« Je veux bien, pensait « Baptiste » le paysan Canadien-Français, vivre au Canada avec ces frères que m’a donné la nature, mais ça me chiffonne d’être commandé par eux. »

Pour faire les enrôlements dans le Québec voici comment l’on procéda : on forma des conseils de révision composés en majeure partie d’officiers Canadiens-Anglais et protestants, d’où nouveaux froissements.

Il y avait pourtant un moyen, et un moyen infaillible de recruter des volontaires parmi nos Canadiens. C’eût été d’envoyer dans le Québec trois ou quatre officiers français qui auraient parcouru le pays. Point n’eût été besoin de longs discours. Ils auraient simplement réuni les habitants à la mairie ou à l’église et ils leur auraient crié : « La France est en péril, elle vous appelle à son secours ! »