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vent pas être tous des Lucullus, des Vatel, ou des Brillat-Savarin. Il aurait dû savoir, aussi que l’art culinaire est l’apanage des vieilles nations où l’implacable problème du « primo vivere » est en partie résolu.

Un autre grand tort du Français, (ici je parle du catholique peu sincère), c’est une irrésistible tendance à la moquerie.

Que de fois ne m’a-t-on pas présenté Monsieur un tel, ou Madame une telle, « votre compatriote que vous serez heureux de rencontrer ». Jamais je ne manquais de les questionner dès qu’on nous laissait seuls : « Êtes-vous contents d’être au Canada ? aimez-vous les Canadiens ? » — « Mais oui, mais oui, nous sommes très contents me disait-on. Le Canada est un pays d’avenir. On y fait d’excellentes affaires. Les Canadiens-français sont aimables, hospitaliers, mais, entre nous, ils exagèrent avec leurs communions, leurs adorations, leurs retraites fermées. Croirez-vous que notre maire, qui est, sans conteste, un homme supérieur, dit son chapelet tous les soirs avant de se coucher ? »

« Eh ! bien, ma chère dame, mon cher monsieur, en quoi cela peut-il vous gêner si cet homme que vous-même reconnaissez être supérieur, est sincère dans ses convictions ? »

« Oh ! pour cela, il n’y a pas de doute tous nos Canadiens sont convaincus. » —