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testantiser tout le pays. D’abord ils emploient, comme on l’a vu, de bien mauvais moyens : ce n’est pas avec du vinaigre que l’on prend les mouches. Plus les Canadiens-français seront persécutés, plus ils s’entêteront ; leur histoire le prouve. On peut même dire que toutes les brimades qu’on leur fait subir leur donnent de nouvelles forces pour résister.

En second lieu, il est insensé de penser un instant à anéantir une race qui se trouve être la plus prolifique du monde. Les ménages de dix, douze, quinze enfants sont chez elle chose commune. N’oublions pas que de soixante mille individus ils sont devenus près de quatre millions, dont un million aux États Unis. (Inutile de dire qu’aux États Unis nos Canadiens subissent les mêmes tracasseries. Il ne s’agit plus là de les angliciser mais de les américaniser. L’étude de l’expansion canadienne aux États-Unis fera l’objet d’un autre volume.)

Faisons une hypothèse : supposons que les Canadiens-français soient tous anglicisés. Voilà la langue française supprimée. Les orangistes, les Ontariens, sont dans la joie ; ils jubilent, ils n’ont jamais été aussi heureux. Enfin voilà le rêve réalisé : une nation, une langue, une religion.

Qu’a-t-on gagné à ce chambardement ? Je ne suppose pas que les anglais aient craint un seul instant que les Ca-