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de Québec, la province française par excellence, on nommera, non pas un Canadien-Français comme cela s’est toujours fait, comme cela est juste et légitime, mais un Irlandais. Cet Irlandais peut être le plus digne des hommes, il peut être un grand ami des Canadiens-français, il peut même avoir été élevé avec eux. Il n’en reste pas moins que le précédent est créé et qu’à la prochaine occasion, tout doucement, sans rien brusquer, on se risquera à nommer un Canadien-Anglais, un pur, cette fois. Les tracasseries de ce genre dégénèrent parfois en puérilités. Voulez-vous avoir promptement votre communication au téléphone ? Demandez votre numéro en « anglais ». Un simple artiste de café-concert vient-il à laisser échapper des paroles malveillantes à l’égard des Canadiens-Français ? Aussitôt, on le réquisitionne, on lui fait une réputation de grand orateur, de philosophe transcendant, pour un peu on l’anoblirait.

Entendons-nous cependant : tous les Canadiens-Anglais ne sont pas de cette trempe. Parmi eux, il en est beaucoup dont le commerce est très agréable et dont le cœur est trop haut placé pour descendre à de telles mesquineries. Ceux dont il est question sont surtout les méthodistes, les orangistes de l’Ontario principalement. Ce sont ceux-là qui excellent dans les attaques à coups d’épingles. Certains ne sont-ils pas allés jusqu’à proposer la création de territoires, appelés réserves, où seraient confinés les Ca-