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rieurs, ni, à ce que nous croyons du moins, le vulgaire, nous prendrions volontiers un juste milieu entre les deux extrêmes, et nous désirerions que, plus jaloux de notre amour-propre national, nous ne nous en allions pas demander de l’eau à des sources étrangères, quand nous en avons chez nous de si abondantes. Nous sommes fatigués déjà de l’utile dulci tant répété, du lectorem delectendo, etc., de l’obscurus fio, etc., du parturiunt montes, du on sera ridicule, etc., du c’est un droit, qu’à la porte[1], etc., et de toute cette séquelle usée de très-vieux dictons littéraires, gâtés par la plume de tous les pédants, et qui, si bons qu’ils soient, ont aujourd’hui perdu pour notre palais, comme un mets trop souvent répété, toute leur antique nouveauté et toute leur piquante saveur.

Nous pensons que tout, sauf des exceptions entièrement rares, doit être dit et écrit en castillan. Sans entreprendre, donc, de déraciner tout à fait la manie en question, de peur que le vulgaire ne croie notre savoir ou notre fonds de littérature, moindre que celui de nos frères en Apollon, nous produirons toujours à notre appui des autorités espagnoles ; elles ne peuvent en aucun cas nous faire défaut, même quand nous voudrions joindre à chacun de nos articles sept épigraphes et cinquante citations, ainsi que le faisait certain esprit satirique[2] de plaisante mémoire, quelquefois, en effet, on nous les a comptées ;

  1. Tous ces mots en italique sont tels quels dans le texte espagnol.
  2. Esprit satirique (el duende satírico) fut le titre d’un des ouvrages de Larra lui-même, mais alors qu’il ne faisait que commencer à s’occuper de littérature.