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THÉÂTRES.
QUEL EST CHEZ NOUS L’AUTEUR D’UNE COMÉDIE ?


article second.
LE DROIT DE PROPRIÉTÉ.

« Je vois que maintenant on n’est considéré comme savant que quand on connaît l’art de s’enrichir… Je vois les larrons fort honorés… tout plein de foi rompue et de trahisons, tout plein d’amour pour l’argent. »

(Louis Méja.)

Quelle chose est-ce, que le droit de propriété ? Si nous ne le disons pas, qui le dira ? Et si personne ne le dit, qui le saura ? Et si personne ne le sait, qui le respectera ?

Déjà la renommée a répandu de province en province, de peuple en peuple, la gloire du nouveau nourrisson des muses, déjà l’important et ambitionné vœu du public éclairé a couronné ses tempes de la feuille immarcessible, les applaudissements ont résonné, le génie a versé des larmes de joie, et déjà il va jouir du fruit de ses veilles.

Telle est, du moins, la pensée de l’infortuné ; mais il ne sait pas qu’il a choisi une triste arène pour triompher, et qu’à ce jeu, comme à celui de qui perd gagne, le gagnant est le plus maltraité. Si sa modestie et sa mauvaise chance ont voulu qu’il retardât la publication de son œuvre, un beau matin, quand il se lèvera, ses yeux seront frappés d’une affiche qui dira son