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LETTRE À ANDRÉ
ÉCRITE DES BATUÈQUES PAR LE PAUVRE PETIT CAUSEUR

(article entièrement nôtre.)

« Rompons les chaînes qui retiennent les progrès, combattons les obstacles, forçons les grilles qu’ont élevées les erreurs des siècles. »

(M. A. Gándara, Notes sur le bien et le mal de ce pays.)

Des Batuèques, année courante.
Mon André,

Moi, pauvre petit que je suis, moi bachelier, moi Batuèque, naturel par conséquent de cet inculte pays dont la rusticité passe pour proverbiale de bouche en bouche, de région en région, moi bavard, et sans aucun aide, doué d’une étincelle de raison pour élucider et résoudre avec moi-même les questions qui s’offrent à mon entendement grossier et l’embarrassent, et toi disert et savant ! Que de motifs, cher André, pour t’écrire !

Allez donc, mes incultes idées, telles que vous êtes, bien ou mal coordonnées, et répandez-vous en bouillons, comme le contenu d’une outre crevée.

« Si l’on ne lit pas dans ce pays, est-ce parce qu’on n’y écrit pas, ou si l’on n’y écrit pas, parce qu’on n’y lit pas ? »