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SATIRE CONTRE LES VICES DE LA COUR[1].

(article entièrement nôtre.)

« … Personne ne sera offensé, du moins sciemment de notre part ; nous ne tracerons le portrait de personne ; si quelques caricatures, par hasard, ressemblent à quelqu’un, au lieu de corriger notre esquisse, nous conseillons à l’original de se corriger ; c’est son affaire, en effet, de cesser d’y ressembler. »

(Pauvre petit Causeur, No 1er, Deux mots.)

Laisse-moi, André, m’enfuir de la cour, m’éloigner d’autant de vices horribles que je suis appelé à en voir dans ma misérable patrie : et ne t’étonne pas si tout en les quittant, et bien que ma raison ne puisse les corriger, je les fouette en d’amères satires. Toi, fort bien, reste à les contempler, toi que la fortune propice ou contraire empêche pour toujours d’en sortir. Vive à la cour celui qui sans gain journalier triomphe et prospère, sans savoir quelle direction choisit la roue du sort inconstant.

Vois-le aller en coche comme un comte, la bourse pleine d’or, et questionne-le obséquieusement pour

  1. Ce morceau et un des suivants, à savoir la Satire contre les mauvais vers de circonstances, ont été écrits en vers par Lara ; je les ai moi-même traduits en vers ailleurs, V. Traductions, Réductions et Productions, p. 42 et 50. Cette traduction est plus exacte, elle est en outre plus littérale que celle des autres morceaux.