Page:Larra - Le Pauvre Petit Causeur, trad. Mars, 1870.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dussent-elles ne pas s’accorder avec celles de don Clément Diaz. Il n’est pas possible d’avoir tous les mêmes idées, Votre Honneur le sait mieux que moi.

Ah ! qu’il a bien fait, votre maître d’alphabet, de vous mettre à l’écriture ! car, je le suppose volontiers, vous saviez déjà lire couramment quand vous vous mîtes à l’œuvre ; non pas que je croie nécessaire de laisser courir votre style, il court déjà pas mal, mais parce que le seul et unique moyen pour nous de lire la brochure était que Votre Honneur l’écrive. Et comme il aperçut, l’habile homme de maître, tout ce qu’il pouvait espérer des bonnes dispositions de don Clément Diaz ! Je parierais la valeur du premier exemplaire de la brochure de Votre Honneur si tant qu’il soit vendu, que toutes les académies lui sont ouvertes ! Qu’il l’a bien compris, le très-rusé !

Combien de temps environ peut-il y avoir que Votre Honneur fait des vers, seigneur don Clément Diaz ? Comment se fit-il que Votre Honneur se découvrit cette étonnante aptitude au moment juste où se publiaient les bavardages d’un pauvre petit ? Autre question, toute petite, c’est la dernière pour cette fois. Quel âge à peu près peut avoir Votre Honneur ? car s’il en est de sa précocité comme de son intelligence, j’en atteste Apollon, c’est une merveille que mon seigneur don Clément Diaz ! Qu’il tient bien sa plume et qu’il apprend bien !

Il sait, par exemple, faire, lui seulet, des mots composés, comme, merci du mot, satirico-manie ; il sait citer don Manuel Breton de los Herreros, et mettre son épigraphe, et tout, que c’en est une joie. Il sait que le famélique chantre ne doit pas se lamenter de ce dont se sont lamentés d’autres, que chacun doit