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teurs Batuèques, que de Batuèques amphitryons, que de gens enfin qui n’écrivent ni ne lisent, qui ne lisent ni n’écrivent, qui ne parlent ni n’entendent, il aurait à sa disposition tout prêts à prendre fait et cause pour ses écrits.

Ce sont gens, à vrai dire, n’ayant besoin ni de preneurs ni d’avocats ; ils se recommandent assez d’eux-mêmes et par leurs qualités propres, et par celle de partisans de monseigneur don Clément Diaz, auteur si fameux dans les âges futurs, car il est bon de faire savoir que s’il désire obtenir une aussi haute épithète, ce sera seulement de cette façon, puisqu’il n’est fameux ni au passé, ni, et moins encore, au présent ; faute non à lui, mais à nous autres tous, qui ignorions, comme des bêtes, que nous possédions un homme au moins dans le pays, et que cet homme était don Clément Diaz.

Je me suis proposé de faire son éloge, car, il l’apprendra, s’il a quelque enthousiaste, c’est moi ; il apprendra ceci encore pour lui montrer si je suis son ami : je sais qu’il a écrit une brochure, et cela prouve l’intérêt pris par moi à ses affaires, attendu que personne ne sait cela, sinon moi, le prote dont il s’est servi, et Votre Honneur, qui sans doute est un homme sachant ce qu’il fait. Et un des motifs qui me font écrire cette lettre est le désir que le public le sache ; partant nous le saurons tous ; mais su ou non su, le fait est que Votre Honneur a écrit une brochure, et que cette brochure est de don Clément Diaz, fait qui sera une vérité éternelle, quand bien même lui et moi serions les seuls à le savoir ; les choses en effet pour n’être pas sues, n’en sont pas moins certaines, par exemple : supposons, pour un moment, que Votre Honneur ait du talent, mais que personne ne le sache,