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tant de la bienveillance avec laquelle ils ont supporté cette mienne impertinence.

» Je me reproche à l’heure de ma mort, avec un profond repentir, mon peu de savoir, qui ne m’a servi en cette vie que de corde au cou, et fais vœu de ne rien savoir d’utile désormais si la divine Majesté me tire sain et sauf de ce mauvais pas ; et si je dois ressusciter, comme déjà sa toute puissance l’a fait voir quelquefois, faveur pourtant que je ne crois pas réservée à des pécheurs comme moi, je promets de ne plus regarder d’aucun livre que sa couverture, et fais ce vœu, comme toujours, du fond du cœur. »

» Ici il fallut le réconforter un peu, ce que nous parvînmes à faire en lui lisant quelques passages des dernières louanges, comme étant fort spirituelles ; nous le voyions s’éteindre peu à peu, mais après quelque repos, il reprit :

« Quant à mon ami, savoir André Niporesas, qu’il ne signe pas mes dispositions testamentaires, dont il pourrait être témoin sans être présent à cette heure. J’insiste beaucoup sur cela, ayant connu des témoins absents. S’il donne connaissance au public de mon trépas, qu’il ne signe pas non plus. J’en dispose ainsi de peur que ce malin public, voyant au bas le nom de Niporesas, ne prenne pour farce ou plaisanterie, soit ma mort, soit mon repentir.

» Étant établi qu’il peut s’en dispenser, je le prie de me savoir gré du plaisir que je lui fais en lui indiquant ma volonté, j’en sais qui pensent plaire en commandant, et m’est avis qu’ils ne sont pas dans l’erreur.

» Item, en outre : j’affirme qu’il y a des amis au monde (bien qu’ayant soutenu le contraire), car j’en