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êtes tout ; ne faites point un pas pour gagner le prix de la carrière, car vous avez l’avance » ; ou celui qui dit sincèrement à ses concitoyens : « Il vous reste encore à marcher, la borne est loin ; cheminez plus vite, si vous voulez être les premiers ? » Celui-là les empêche d’aller vers le bien en leur persuadant qu’ils le possèdent ; le second meut l’unique ressort capable de les y faire arriver tôt ou tard. Or lequel des deux désire le plus leur bonheur ? Le dernier est le véritable Espagnol, le dernier est le seul qui suit la voie de notre bon gouvernement. Et quand la main puissante et bienfaitrice de qui sait mieux que les adulateurs des nations la route qu’il nous reste à parcourir, nous anime en nous signalant de glorieux exemples, quand une reine, illustre et un monarque bien intentionné cherchent les premiers à nous conduire vers toute la perfection possible, retardée sans doute non par la faute de leurs éminents prédécesseurs, mais peut-être par la succession de révolutions toujours malheureuses qui ont affligé notre pays, dans cette occasion, nous sera-t-il permis de proclamer cette lumineuse vérité, qu’un Espagnol fidèle émet pour coopérer aux fins élevées de ces rois ? Ou ne pourrons-nous pas même rendre ce dernier hommage à la vérité ?

Telle est la réflexion que nous désirions faire ; le désir de contribuer au bien de notre pays nous a poussés à dire des vérités amères ; si nos maigres forces, si les difficultés que nous avons rencontrées dans notre marche, si les circonstances, enfin, ont empêché des résultats correspondants à nos espérances, que la satisfaction que nous inspire notre objet, nous serve au moins de consolation et de récompense. Ne nous sera-t-il pas permis non plus de dire à la face de nos lec-