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encore levé. — Revenez demain, nous dit-on, le jour suivant, le maître vient de sortir. — Revenez demain, nous riposta-t-on le troisième, le maître fait la sieste. — Revenez demain, nous répéta-t-on le lundi d’après, il a été aujourd’hui aux taureaux. » Quel jour, à quelle heure se voit un Espagnol ? Nous le vîmes enfin, et « Revenez demain, nous dit-il, je vous avais oublié. Revenez demain, votre affaire n’est pas terminée. » À quinze jours de là elle le fut ; mais les renseignements que mon ami lui avait demandés concernaient un nommé Diez, et il avait entendu Diaz, les papiers qu’il apportait n’étaient bons à rien. En attendant de nouvelles preuves, je ne dis rien à mon ami, qui déjà désespérait de ne pouvoir jamais découvrir ses aïeux.

Il est clair que ce point de départ manquant, la réclamation n’aurait pas lieu.

Pour les offres qu’il pensait faire à divers établissements, à diverses entreprises très-utiles, il avait fallu chercher un traducteur ; le traducteur nous fit passer par les mêmes péripéties que le généalogiste ; de lendemain en lendemain il nous mena jusqu’à la fin du mois. Certes il avait chaque jour besoin d’argent pour sa nourriture, nous lui en avancions avec le plus grand empressement ; malgré quoi jamais il ne trouvait un moment favorable pour travailler. Puis l’écrivain en fit autant avec les copies, outre qu’il les remplit d’erreurs, car de copiste qui sache écrire il n’y en a pas un dans ce pays.

Ne nous arrêtons pas là ; un tailleur mit vingt jours à lui faire un frac qu’il avait commandé lui apporter dans les vingt-quatre heures ; le cordonnier l’obligea par sa lenteur à acheter des bottes de confection ; la blanchisseuse eut besoin de quinze jours