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Moi, qui tiens pour sottises toutes les fariboles qu’on voudrait nous conter, qui m’appelle Niporesas, qui connaît ma patrie et mes Batuèques comme ma maison et mes enfants, je me trouve bien où je suis ; si la semence ne doit pas tomber en bonne terre, ne semons pas.

Sur ce, je termine ma lettre, une lettre ne doit pas être longue comme un mémoire, ni courte comme une addition.

J’ai répondu complètement à la tienne. Je t’ai donné des nouvelles de ma famille, de ma personne, même de mes opinions. Maintenant prie Dieu que ceux qui me protègent me donnent promptement un de ces petits emplois à se salir les mains, pour me courber à terre avec ma défiance, sinon je serai mécontent, et c’est une mauvaise chose. Si au contraire on me le donne, je le servirai comme tout Batuèque, ou il me servira, pour mieux dire ; alors, certes, je dirai que nous vivons en pleine prospérité, comme on veut me le faire croire par des preuves qui ne sont pas des preuves.

Ton ami André Niporesas.