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la décoration ridicule et mal organisée, les costumes malpropres et indécents, l’éclairage insuffisant, la musique pauvre, le corps de ballet très-mauvais ou nul. De là vient que les poètes, les artistes, les compositeurs qui travaillent pour la scène sont tristement récompensés, qu’on invente et qu’on ne représente que des pièces méprisables. De là, principalement enfin la décadence et la déplorable infériorité de nos spectacles. »

Que pourrions-nous ajouter à une aussi énergique période ? Donc, nous demandons pour les entreprises qu’on débarrasse d’obstacles et de respects importuns le chemin de leur spéculation ; que tant qu’il y aura entreprises, elles commandent chez elles comme seules maîtresses. Cela suffira à donner au théâtre une impulsion incalculable. Alors les administrations théâtrales, à l’aise et en liberté dans leurs opérations, marqueront chaque jour d’un progrès, récompenseront mieux les acteurs mesquinement payés, et les poètes pas du tout.

Nous n’avons rien dit des améliorations concernant la condition des acteurs, parce que le mal de ce côté va, nous l’espérons, être bientôt guéri. L’établissement d’une école dramatique dirigée par deux de nos meilleurs acteurs, sous l’immédiate protection d’une reine qui est venue faire tant de bien à notre pays, nous fait concevoir cette joyeuse espérance. Jusqu’à présent on a cru qu’il suffisait ou d’avoir de la mémoire ou un souffleur, pour être comédien, et même nous avons connu des comédiens qui, faute de savoir lire se faisaient lire par d’autres leurs rôles, afin de les apprendre. Qu’on nous dise si ce sont des gens de cette espèce qui peuvent interpréter sur la scène les beautés qu’ils ne savent ni lire, ni apprécier, prendre, nou-