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fut composé et publié en 1807, sur l’avis de l’Excellentissime conseiller, dont nous avons eu déjà l’occasion de louer ailleurs le zèle, un règlement des théâtres. On y inaugurait le mode de payer d’une manière juste et équitable. Tant pour cent était le prix établi pour les œuvres originales ; de sorte qu’une proportion exacte régnait entre le mérite de l’ouvrage et les moyens de l’entreprise ; celle-ci payait cher quand elle gagnait gros. Par malheur ce règlement peut être mis dans le nombre des choses ordonnées mais non accomplies, et nous trouvons l’an XXXII, pis que l’an VII ; contre-temps et reculade dus peut-être à la succession de révolutions qui ont affligé depuis cette époque notre infortuné pays.

Le mépris de la propriété ne s’arrête pas là. Les théâtres de province se croient autorisés, une comédie une fois représentée à Madrid, à en soustraire des copies frauduleuses, et à la représenter de toutes parts, fort persuadés de ce que les auteurs n’ont aucun droit de s’y opposer, et s’écriant avec la fable : La Providence les créa pour moi ! Dans le même règlement, que nous avons sous les yeux, on établissait que lesdits théâtres, paieraient l’auteur d’une façon en rapport avec leurs ressources, ni plus ni moins que ceux de Madrid. Mais les auteurs crient : Coutume fait loi ! Salut à la coutume ; il peut en être ainsi, mais alors je ne vois pas pourquoi on pend les voleurs, puisque c’est une coutume antique que celle de voler. Alors on ne pourra jamais corriger aucun mal invétéré. Mal soit de nous, si nous comprenons comment une mauvaise coutume peut arriver à être une bonne loi ! Mais c’est parce que c’est une coutume, qu’il faut l’abolir ; si ce n’en était pas une, nous ne réclamerions rien contre elle. Les abus qui existent sont ceux qu’il