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THÉÂTRE.

La hardiesse que je prends de donner des conseils sans y être convié, mérite pardon, car c’est une faculté commune à tous que le don de la parole.

Mavoira, Histoire d’Espagne. Conseils d’un prélat à un roi.

Quelle meilleure occasion s’est jamais présentée à nous, et ne peut jamais se présenter à l’avenir pour réclamer une réforme radicale dans les théâtres de notre pays, que celle où a commencé de briller pour l’Espagne une aurore plus heureuse, qui promet enfin la réalisation de mille espérances justes, tant de fois déçues ? Que celle où notre sage gouvernement se met décidément et énergiquement à la tête de la nation, dont le soin lui est commis pour marcher vers le bien ? Aucune. Profitons du moment. Ouvrons les yeux sur notre situation, et développons nos raisons avec la soumission de bons vassaux, avec la confiance d’hommes qui ont un gouvernement éclairé. Disons enfin des choses souvent dites par des personnes fort supérieures à nous, et constamment méconnues par des sujets moins bien intentionnés que nous.

Ce n’est pas ici le lieu ni le temps d’une longue dissertation sur l’objet des théâtres, sur les avantages que, de leur bonne direction et de leur bonne administration, peuvent retirer une nation disposée à recevoir l’instruction et un gouvernement décidé à la lui donner. Tous ne savent, ne connaissent que trop que dans l’état de la société où nous sommes arrivés,