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épuisés, et que tous hormis moi boivent la délicieuse mousse de Champagne.

Mon imprécation mentale terminée, je cours chez moi me dépouiller de ma chemise et de mon pantalon, en réfléchissant dans mon for intérieur que tous les hommes ne sont pas semblables, puisque ceux d’un même pays, peut-être d’un même tempérament, n’ont ni les mêmes mœurs, ni la même délicatesse, et voient les choses d’une façon si différente. Je me vêts et je tâche d’oublier un si funeste jour parmi le petit nombre de ceux qui pensent et vivent assujettis au joug profitable d’une éducation bonne, libre et éclairée, et qui feignent peut-être de s’estimer et de se respecter mutuellement pour ne point s’incommoder, tandis que les autres font ostentation de s’incommoder, s’offensent et se maltraitent, tout en s’aimant et en s’estimant peut-être véritablement.