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blent à quelqu’un, au lieu de corriger notre esquisse, nous conseillons à l’original de se corriger ; c’est son affaire, en effet, de cesser d’y ressembler. Nous adoptons, par conséquent, volontiers toute la responsabilité que nous savons attachée à l’épithète de satirique, mise par nous dans notre en-tête ; seulement nous protestons que notre satire ne sera jamais personnelle, en même temps que nous considérons la satire des vices, des ridicules et des choses, comme utile, nécessaire, et par-dessus tout fort divertissante.

Notre objet étant de divertir par tous les moyens, quand, à notre pauvre imagination, il ne viendra rien qui nous paraisse suffisant ou satisfaisant, nous déclarons franchement que nous déroberons ou nous pourrons nos matériaux, que nous publierons ces larcins intacts ou mutilés, traduits, revus ou refondus, en en citant la source ou en nous les appropriant effrontément ; car, en qualité de pauvres causeurs, nous dirons ce qui vient de nous et ce qui vient d’autrui, certains de ceci que ce qui importe au public dans ce qu’on lui donne imprimé, n’est pas le nom de l’écrivain, mais bien la valeur de l’écrit, et qu’il vaut mieux amuser avec les choses étrangères que d’ennuyer avec les siennes. Nous accourrons aux œuvres des autres, comme les va-nu-pieds au bal du Carnaval passé ; nous apporterons nos misérables ressources, nous les échangerons pour les meilleures de nos voisins, et nous propagerons celles-ci avec des accessoires différents,