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LOU tégea les humbles, et encouragea l'industrie, le com- merce et les acts. Louis XII est le seul représentant de la branche des Valois-Orléans, à laquelle succé- derent avec François Ier les Valois-Angoulême. De son mariage avec Anne de Bretagne, il avait eu Claude de France, mariée au duc d'Angouleme (François Ier), qui lui succéda, et Renée, duchesse de Chartres et de Montargis, femme du duc de Fer- rare, Hercule d'Este. Louis XII et Anne de Bretagne (tombeau de). chef-d'oeuvre de Jean Juste, dans l'église de Saint- Tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne, à Saint-Denis. Denis, l'une des plus admirables productions de la Renaissance française. Le soubassement est décoré de remarquables bas-reliefs. Louis XIII, fils de Henri IV et de Marie de Mé dicis, né à Fontainebleau au mois de septembre 1601, sous le signe de la Balance, ce qui le fit surnommer le Juste; roi de France de 1610 à 1643, m. à Saint- Germain. Il régna d'abord sous la régence de sa mère, qui, dirigée par Léonora Galigai, donna toute sa confiance à l'incapable et avide Concini, lequel fut assassiné en 1617 à l'instigation du roi, et remplacé par Albert de Luynes. Celui-ci dirigea contre les protestants du Midi une expédition malheureuse (siege de Montauban), terminée par la paix de Mont- pellier (1622), Jusqu'en 1624, les hommes qui se suc- cédèrent au pouvoir ne firent rien pour la France; mais il n'en fut plus de même lorsque Richelieu devint pre- mier ministre. Le cardinal poursuivit et réussit un triple but: 1 abaisser la noblesse; 20 ruiner les protestants en tant que parti politique : 30 abaisser la maison d'Au- triche. (V. RICHELIEU.) La plupart des historiens admet- tent que Louis XIII, prince sans volonté, n'a fait que su- bir l'ascendant du grand mi- nistre,et ne lui ajamaistémoi gné la moindre sympathie. C'est là, sans doute, une opi- nion exagérée. Si Louis XIII n'avait pas approuvé la po- litique de Richelieu, il n'aurait pas si longtemps résisté (notamment dans l'affaire de la Journée des dupes, en 1630) à la pression de sa mére, de sa femme. Anne d'Autriche, de son frère Gaston d'Orléans et de la noblesse, qui ne cessaient de lui demander le renvoi du ministre. Il eut au contraire le grand me- rite de comprendre et de suivre les conseils du grand cardinal. D'intelligence ordinaire, d'abord timide, de moeurs réservées, il commanda plusieurs fois les armées et fit preuve, notamment à la journée du Pas de Suse, en 1630, de la plus brillante valeur. Louis XIII eut d'Anne d'Autriche Louis XIV, son successeur, et Philippe d'Orleans, tige de la maison Louis XIII, d'Orléans. Iconogr. Parmi les oeuvres d'art représentant Louis XIII, citons: la Majorité de Louis XIII. tableau de Rubens (Louvre): le Pas de Suse forcé par Louis XIII, tableau de Claude Lorrain (Louvre); Louis XIII couronné par la Victoire, tableau de Philippe de Champaigne, au Louvre (V. p. 103). le Vau de Louis XIII, tableau d'Ingres, à la cathe- drale de Montauban (V. p. 70); le roi place son royaume sous la protection de la Vierge. Du même sujet, Coustou à fait un magnifique groupe de marbre blanc pour Notre-Dame de Paris. Louis XIII (style). Le style Louis XIII marque une réaction contre l'afféterie dans laquelle était tombé, à la fin du xvie siècle, l'art de la Renais- sance. Pour répondre à un souci nouveau de correc- tion et de gravité, les grands architectes comme Androuet du Cerceau, Salomon de Brosse, etc., s'inspirèrent de l'art flamand et de l'art italien pour créer un style un peu lourd, mais original et par- fois grandiose, où les refends et les pilastres de pierre blanche rehaussent la nudité des surfaces. Des combles d'ardoises très élevés, de hautes cheminées quadrangulaires terminées par un fronton, donnent à la masse une physionomie plus légère, Dans l'art industriel, les dessins des fauteuils, des sièges, des tables sont carrés et anguleux: les panneaux, quoique couverts de sculptures, restent sombres et graves, Louis XIV, le Grand, fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, né à Saint-Germain-en-Laye en 1638, roi de France de 1643 à 1715, m. à Versailles. Il n'avait pas cinq ans lorsqu'il succéda à son père sous la régence de sa mère. Mazarin, devenu pre- mire ministre (v. MAZARIN), continua la politique ex- térieure de Richelieu, et, si la minorité de Louis XIV fut agitée par les luttes du parlement contre la ré gence et par les troubles de la Fronde (v. ce mot), elle fut aussi signalée par les victoires de Rocroi, de Fribourg, de Nordlingen, de Lens, couronnées en 1668 par les traités de Westphalie. Deux ans avant sa mort, Mazarin signa avec l'Espagne la paix des 94- Louis XIV. Pyrénées, dont l'une des clauses, grosse de consé- quences, était le mariage de l'infante Marie-Thérèse avec le roi de France (1659). A partir de 1661, Maza- rin étant mort, Louis XIV annonça au conseil des mi- nistres son intention de gouverner désormais par lui- meme, et il soutint en effet pendant cinquante-quatre ans un effort exceptionnel de volonté et de travail. Le mot célebre qu'on lui prête à tort: L'Etat c'est moi! a le mérite de résumer le principe dirigeant de sa politique. Un de ses premiers actes fut de disgra- cier Fouquet, dont les dilapidations étaient un scan- dale public. Colbert, appelé à la surintendance des finances (1661), et charge plus tard de la gestion de plusieurs autres ministères, appliqua son activité et sa puissance de tra- vail au rétablisse- ment de l'ordre dans l'administration des deniers publics; il- prit des mesures pro- tectrices en faveurde l'agriculture, encou- ragea l'industrie, le commerce, les tra- vaux publics, orga- nisa la marine (ins- cription maritime), pendant qu'une com- mission de juriscon- sultes, nommée sui- vant ses conseils, éla- borait d'utilesordon- nances queLe Tellier et Louvois réorgani- saient l'armée, et que Vauban fortifiait nos frontiè res. Louis XIVvoulut être aussi puissant et respecté à l'extérieur que dans son propre royaume de là, cette longue suite de guerres, qui rapportèrent beau- coup de gloire à la France, mais finirent par l'épui- ser. Le plus grand nombre de ces guerres eut pour objet d'assurer à la France l'éventualité de la suc- cession espagnole, qui fut, selon le mot de Mignet, le pivot de la politique extérieure de Louis XIV. C'est ainsi que, dans la guerre de dévolution, termi- née par le traité d'Aix-la-Chapelle (1668), il revendi- qua une partie de la succession de Philippe IV; par la guerre de Hollande, que termina la paix de Nimegue (1678), il essaya d'abattre la puissance des Provinces-Unies, qui s'étaient opposées à ses visées sur les Pays-Bas espagnols. Dans la guerre de la ligue d'Augsbourg, terminée par la paix de Ryswick (1696), il eut encore à lutter contre la Hollande, dont le stathouder Guillaume d'Orange était devenu roi d'Angleterre et avait pris l'initiative d'une coalition nouvelle contre la France. Mais, quand commença la querre de la succession d'Espagne, ou était en question la totalité de l'héritage de Charles II, la France était malheureusement épuisée par tant d'efforts. Les dernières années de cette guerre furent marquées par la misère lamentable du royaume, qui accueillit avec soulagement les traités pourtant bien désavan- tageux d'Utrecht (1713), de Rastadt et de Bade (1714). Le règne de Louis XIV prit fin en 1715. Après la mort de Marie-Thérèse (1683), Louis XIV avait épousé secrètement Mae de Maintenon, veuve du poète Scarron, qui avait supplanté Mme de Montes- pan dans la faveur royale. Louis XIV, jusqu'à son dernier jour, se considéra comme le représentant de Dieu sur la terre, comme participant de sa connaissance aussi bien que de son autorité, et, après avoir réduit les grands à une sorte de domesticité brillante, il en vint à s'at- tribuer le mérite des ministres qui le servaient. Il fut vraiment tout l'Etat, et tout ploya devant lui: noblesse, parlement, tiers état, clergé même. La centralisation à outrance, l'obéissance passive, le culte de la personne royale élevé à l'état de dogme complétèrent l'absorption de la nation, l'incarnation du peuple dans un seul homme. Son despotisme in- tolérant le conduisit à ne plus souffrir dans l'éten- due de son royaume quelqu'un qui, en matière re- ligieuse, pât penser autrement que lui: il révoqua l'edit de Nantes, obligeant ainsi à s'expatrier, pour le plus grand dommage de l'industrie française, de nombreuses familles protestantes, permit les dra- gonnades (dont d'ailleurs il ignora les excès), et, pour extirper 1hérésie, encouragea toutes les cruautés. Le jansénisme fut également persécuté, et l'abbaye de Port-Royal détruite. Ce règne, qui aurait pu être si utile au bien public grâce aux hommes de génie qui l'illustrèrent, ne fit que préci- piter la ruine de la monarchie par une tension trop grande de tous les ressorts du pouvoir. L'ambition conquérante de Louis XIV aliéna à la France les sympathies de l'Europe, rendit inuti- les les efforts économiques de Colbert, poussa notre diplomatie dans des voies injustes, et accrut finale- ment la mise- re du peuple, dont Vauban plaida vaine- ment la cause auprès du roi. Aussi, lors- que mourut celui qui avait été naguère entouré d'une auréole de gloire et d'i- dolâtrie natio- nale, on vit la foule accom- pagner de ses malédictions In dépouille mortelle de LouisleGrand. Statue de Louis XIV, à Paris. Le fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, deux de ses petits-fils, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, moururent avant lui en 1711, 1712 et 1713, et ce fut son arriere-petit-fils, le duc d'Anjou, qui lui succéda sous le nom de Louis XV. 11 eut de nom- breux enfants naturels. La Vallière lui donna Marie- - 1600 LOU Anne (Mademoiselle de Blois), femme du prince de Conti; Louis de Vermandois, etc.: Mme de Montespan fut la mère de Louis, duc du Maine ; Louis-César, comte de Vexin; Louise-Françoise, femme de Louis III de Bourbon Françoise-Marie, femme du duc d'Orléans Philippe (le Régent), Louis- Alexandre, comte de Toulouse.. Il n'eut pas d'en- fant de Mme de Maintenon. On sait que, sous Louis XIV, les lettres et les arts furent portés à un haut degré de perfection par une pleiade brillante de prosateurs, de poètes et d'ar- tistes: Corneille, Racine, Molière dans le théâtre : La Fontaine et Boileau dans la poésie; Bossuet, Fénelon, Fléchier dans l'éloquence: La Bruyère et Pascal La Rochefoucauld dans la critique morale dans la philosophie; Saint-Simon et Retz dans l'histoire; Poussin, Le Lorrain, Le Brun, Perrault, Mansart, Girardon, Puget dans les arts, furent les principaux représentants du siècle de Louis XIV. Iconogr. Les portraits de Louis XIV sont nombreux. Citons celui de Hyacinthe Rigaud (1701, Louvre. V. p. 103); le monarque est représenté debout, couvert de son manteau royal, très belle oeuvre; ceux de Jean Garnier, de Le Brun, de Mi- gnard, de H. Testelin, à Versailles; celui de Rane, à Montpellier, etc. Parmi les statues, celles de Girardon, de Coysevox, Desjardins, Lemot, la statue équestre en bronze, par Bosio, érigée sous la Res- tauration, place des Victoires, à Paris, et de nom- breux bustes, Louis XIV (Siècle de), par Voltaire (1751). C'est, avec Charles XII. le principal titre de Voltaire comme historien. Cet ouvrage est une admirable protestation en faveur du siècle de Louis XIV, alors en défaveur auprès des esprits. La narration est un modèle de concision et d'élégance, et l'ouvrage, solidement construit et documenté, est un tableau achevé, parfois un peu trop complaisant, du grand siècle. Louis XIV (style). Il conserve le caractère gran- diose du style Louis XIII, mais avec une régularité un peu froide, qu'il tire de l'imitation très stricte de l'architecture antique. L'ornementation extérieure est d'une grande richesse: frises sculptées, statues, panneaux somptueux décorent les moindres motifs. A l'intérieur, des salles de vastes dimensions récla- ment des lambris d'or chargés de sculptures, des plafonds aux lourds cartouches, de grandes figures allégoriques. Le mobilier, un peu lourd, est rehaussé dor, de larges marqueteries de cuivre et d'écaille, etc. La céramique et la tapisserie, formant de flam- boyants tableaux, ajoutent au luxe de ce cadre, dont la splendeur n'a jamais été égalee. Louis, grand dauphin de France, fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse, né à Fontainebleau, m. à Meudon (1661-1711). Il eut de Marie-Christine de Bavière trois fils: Louis, duc de Bourgogne; Philippe d'Anjou, depuis roi d Espagne, et Charles, duc de Berry. Louis XV. Louis XV, le Bien-Aimé, troisième fils de Louis duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie, et arrière-petit-fils de Louis XIV, né à Ver- sailles en 1710, roi de France de 1715 à 1774, m. à Versailles. Il régna d'abord sous la régence de Phi- lippe d'Orléans, personnage intelligent mais cor- rompu, qui subit la désastreuse influence du cardinal Dubois. Celui-ci, tout dévoué à l'Angleterre, qui, a-t-on dit, le pensionnait, modifla complètement la politique extérieure de la France, qu'il dirigea contre l'Espagne. A la suite des efforts d'Alberoni pour abo- lir les traités d'Utrecht, une courte guerre eut lieu entre les deux pays. La Régence fut encore signalée par la banqueroute de Law et le mariage de Louis XV avec Marie Leczinska, fille de Sta- nislas Leczinski, ancien roi de Pologne, A la mort du régent Philippe (1723), le duc de Bourbon devint ministre; mais son impopularité l'éloi- gna bientôt des affaires (1726). Sous le ministère de l'honnête et habile mais timide cardinal Flenry (1726-1743) eurent lieu, non sans quelque succes, la guerre de la succession de Pologne (1733-1735), que termina le traité de Vienne (1738), et la guerre de la succees- sion d'Autriche, à laquelle mit fin la paix d'Aix-la- Chapelle (1748). C'est pendant cette campagne dont il suivit les débuts, sur les instances de sa maitresse, la duchesse de Châteauroux, que Louis XV tomba gravement malade à Metz. La monarchie était encore si populaire que, dans la France entière, on fit dire des messes pour le salut du roi, surnommé dès lors le Bien-Aimé. Après la mort de Fleury, Louis XV glissa sur la pente qui devait le conduire au déshon- neur, et se laissa mener par ses favorites, dont les plus connues sont Mae de Pompadour et Mme Du Barry. Cependant, par une lourde maladresse poli- tique, la France négligeait l'avenir de ses colonies, de l'Inde et du Canada, pour se lancer dans d'inutiles conflits en Europe. La guerre de Sept ans, dans laquelle nous engagea l'Alliance autrichienne (1756- 1763), aboutit à la perte de nos colonies, bien que Choiseul eût réuni en 1761, par le pacte de famille, les quatre branches régnantes de la maison de Bourbon. A ce moment, le trône tombe dans la boue; les favorites règnent, Louis XV frappe les jésuites et les parlements, et Choiseul fait place (1770) au honteux triumvirat Maupeou, Terray et d'Aiguillon; c'est le temps où Louis XV dit : Cela durera bien autant que moi. Lorsque le Bien-Aimé mourut, en 1774, la joie de la foule dé- borda. Outrés de la corruption qui s'étalait jusque sur les marches du trône, les philosophes du XVIIe siècle réagirent par leurs écrits contre les abus, mais aussi contre tous les principes d'auto- rité, qu'avait respectés le xvue siècle. Voltaire, Montesquieu, Rousseau, les encyclopédistes et les physiocrates créèrent un puissant courant d'opinion, réclamant des libertés politiques et économiques, pendant que Franklin, Galvani, Lavoisier, Linné, Buffon, Jussieu dirigeaient la science dans des voies nouvelles. C'est pendant le règne de Louis XV que se prépare véritablement la Révolution française. Les enfants de Louis XV sont: Marie-Louise-Eli- sabeth, femme de Philippe de Bourbon et bru du roi d'Espagne Philippe V: Anne Henriette; Louise